2/ INSOLATION
Pas de procession aujourd'hui ; la nuit n'a pas été clémente... C'est sans doute la chaleur de la veille, ou peut-être le poke bowl mangé au midi, mais le corps est catégorique : c'est non ! Tu ne te lèveras point, si ce n'est pour aller à la salle de bain.
INSOLATION : coup de chaleur provoqué par une trop longue exposition au soleil.
Cela devait bien arriver. Mais si tôt... Et moi qui te pensais ami, soleil. Non, tu n'aimes pas être titillé. Dédale avait pourtant prévenu : « Icare, je t'exhorte à prendre le milieu des airs. Si tu descends trop bas, la vapeur de l'onde appesantira tes ailes ; si tu voles trop haut, le soleil fondra la cire qui les retient »*. On connaît la suite.
Pour que le corps tienne, pour qu'il puisse venir à bout de ce mois, suivons le conseil du père et évitons l'erreur que le fils à commise, même s'il elle n'est pas à blâmer.
Une procession tous les deux jours. Cela me paraît être un bon compromis. Parfois il vaut mieux revoir ses attentes pour éviter qu'elles ne s'écroulent.
Ce sera un jeu entre toi et moi, Soleil. Un jour je serai l'écharde qui te démange, une douleur lancinante qui s'apaise et qui revient. Un jour tu seras la pince qui tentera de me déloger. Tu n'y arriveras pas !
Je reste là. Insoumis. Insolent.
* Ovide, Les métamorphoses