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17/ INTERLUDE 4

La nuit, pour se diriger et filer droit, les insectes se repèrent à la lumière de la Lune. En fixant l'astre et en conservant un angle constant par rapport à lui, ils conservent une trajectoire optimale pour atteindre leur objectif et ne pas se perdre. La technique est bonne, ils pourraient même, à leur échelle, passer pour des maîtres de la navigation aérienne. Si seulement ils n'avaient pas tendance à confondre la Lune avec une ampoule de lampadaire. Déviés par une lumière plus intense, ils délaissent alors leur repère initial, et recalculent entièrement leur plan de vol. Mais plus ils se rapprochent de la nouvelle source lumineuse, plus leur trajectoire devient difficile à ajuster. Ce qui les amènent irrémédiablement à voler autour de l'ampoule. Voler en rond, de plus en plus proche. Jusqu'à s'y cogner, encore et encore. Et mourir d'épuisement.

Combien de petites vies fragiles anéanties pour des astres factices, alors qu'il nous suffirait d'éteindre la lumière.

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