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11/ FONTAINE

20 juillet / 34°C / Témoin : Hawa / Durée : 1h30

   Il y a une certaine odeur d'épuisement dans les rues d'Avignon. Les tracteurs déballent leurs discours avec moins d'entrain, y mettent moins les formes. Ou n'est-ce que ma fatigue qui prend le dessus ? Ça fait combien de temps que je suis ici ? Un mois ? Deux ans ? Deux semaines. J'ai l'impression que j'ai commencé à marcher dans les rues de la ville il y a un millier d'années.

   Avignon est un jour sans fin. Trois semaines de festival, c'est long.

 

   Rituel de départ place Saint-Didier. Juste avant que je commence, un musicien me demande en anglais si je compte performer ici. Oui, je lui réponds, mais seulement quelques minutes, après je pars. Je peux jouer après toi ? Bien sûr ! Très respectueux. D'autres ne se seraient pas gênés pour empiéter la performance ou la parade des autres.

   Je commence. Un petit groupe se forme, intéressé.

   C'est difficile. Pour la première fois véritablement, j'appréhende les deux heures à venir. Je supporte de moins en moins la chaleur, de moins en moins les talons et la combinaison. De moins en moins les regards. Je marche, le regard presque éteint.

   Je voulais me diriger vers le nord de la ville, parcourir les petites rues étroites près du Palais des Papes. Mais elles me paraissent bien trop compliquées pour aujourd'hui. Des pavés à n'en plus finir. Alors au dernier moment je change mon itinéraire. Direction les Corps Saints. C'est pavé, mais plus accessible.

 

   Sur la route, j'aperçois deux amis qui me suivront pendant toute la procession. Leur présence et leur soutien me réconfortent.

   J'arrive place des Corps Saints, donc, et m'assieds sur le rebord de la fontaine qui gît en plein milieu des terrasses. Moment de repos. Eau rafraîchissante.

 

   Le type en rouge, il fait ça tous les jours. Il est complètement allumé !

 

   Plus loin sur des pavés, j'enlève les talons pour me sécher les pieds. C'est devenu un rituel, ça aussi. Un rituel de pause. M'asseoir, retirer les talons, évacuer l'eau, sécher. S'arrêter pour mieux continuer. Rituel de pause.

 

   Bon... Je retourne place Saint-Didier. Là, une compagnie que je connais parade de manière originale. Une artiste peint sur de grandes toiles au sol pendant que d'autres expliquent le spectacle aux curieux. Je passe discrètement, m'allonge plus loin dans un coin d'ombre pour le rituel de fin. Déjà. Un aller, puis un retour. Cela ne devait être qu'une pause de plus mais la machine n'a pas réussi à repartir. S'arrêter pour mieux s'arrêter. Cela arrive.

 

   Il va faire peur aux enfants ! que j'entends.

   Ne projette pas ta propre peur sur ce que tu penses que les enfants pensent ! Queen Icarus à leurs yeux, c'est le roi-madame, une créature qui n'a rien d'effrayant.

 

   Le rituel de fin attire du monde et je m'étonne. Je me rhabille, Queen Icarus disparaît et quelques applaudissements se font entendre. Les premiers. Eau rafraîchissante.

   Plus tard dans la soirée, un homme me reconnaît et vient me saluer. Bravo et bon courage pour la suite. Eau rafraîchissante.

 

   La nuit, l'orage éclate et la pluie tombe.

IAMAMIWHOAMI - Fountain

What lies beyond the fringe of the woods?

Dust to dust so we leave for good

When all has gone to blazes I start to run

Until I find places where nobody’s gone

 

No more weight on your conscience

With ease I go back to the start

 

Surge like a fountain, like tide


And swallow the bleed

Flows like a fountain inside


Gather force from the sea

Riding this giant wave untied

Let it wash me clean
 

Crawling through deafening cold

Turning head there’s no sight of home

Though my body’s aching
 we have to push on


For every stride a new line is drawn

Surge like a fountain, like tide


And swallow the bleed

Flows like a fountain inside


Gather force from the sea

Riding this giant wave untied

Let it wash me clean

 

From watching eyes 
I blindly rove


To guard my stories
 and find new gold

 

Riding this giant wave untied

Let it wash me clean

 

What lies beyond the fringe of the woods?


Dust to dust so we leave for good

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